Claude Galien (131-201)
Né à Pergame, fils de l’architecte grec Nicon, Claude Galien (en grec Klaudios Galenos ; en latin Claudius Galenus) commence dans cette cette ville ses études de philosophie et de médecine, qu’il poursuit à Alexandrie. Il voyage ensuite tout autour du Bassin méditerranéen pendant une douzaine d’années, recherchant les meilleurs médecins pour recueillir leurs leçons. De retour à Pergame, il est nommé médecin des gladiateurs, ce qui lui permet de perfectionner ses connaissances en chirurgie. Souhaitant conquérir la capitale de l’Empire, il arrive à Rome vers 164, sous le règne de Marc Aurèle dont il devient le médecin, tout en ayant en ville une importante clientèle et de nombreux élèves assidus aux cours qu’il professe dans le temple de la Paix. Ses expériences, en particulier celles qu’il fit sur le système nerveux, font de lui le premier physiologiste et le créateur de la médecine expérimentale. Le premier, il composa en public la thériaque, mélange de soixante-quatorze ingrédients, qui guérissait les intoxications.
Galien a abondamment écrit et, bien que les deux tiers seulement de son œuvre nous soient parvenus, ses ouvrages (très tôt traduits en arabe) constituèrent la base des connaissances médicales ; ils furent admis sans beaucoup d’opposition jusqu’à la Renaissance. Bien que l’anatomie lui semble essentielle, il ne dissèque que des animaux (singe, porc, bœuf), n’abordant le cadavre humain que pour l’ostéologie. S’il localise dans le foie le centre de la circulation du sang, en revanche sa description du système nerveux est plus exacte : il décrit le parcours de l’influx nerveux depuis le cerveau, par les nerfs, et ses expériences sur l’animal vivant lui ont permis d’agir sur les nerfs récurrents. Sa théorie des contraires est résolument moderne, et son axiome contraria contrariis curantur est fréquemment cité aujourd’hui. Cependant, il avait tendance à expliquer les maladies par l’influence exercée par les quatre éléments (eau, air, terre, feu) et les quatre qualités physiques (chaud, froid, humide, sec) sur les quatre humeurs (sang, bile, pituite, atrabile). Sa thérapeutique est diététique et médicamenteuse, et son étude des plantes médicinales gardera le nom de « pharmacie galénique ».
Profondément déiste, il admet une philosophie vitaliste douant le corps humain d’un pneuma d’essence divine. Son insistance à évoquer un dieu unique (il dédie son chef-d’œuvre De usu partium au créateur du corps humain) le fera admettre par l’Église, ce qui explique que son enseignement restera incontesté jusqu’à la Renaissance. Quinze siècles durant, les médecins fonderont leurs observations sur les travaux de Galien ; et s’opposer à ses théories signifie s’opposer à l’Église. Les démentis viendront tardivement et timidement. Il reste que, par la somme de ses écrits et par l’étendue des connaissances qu’il déploie, il est, après Hippocrate, le grand médecin de l’Antiquité.
Sa brillante réussite et probablement aussi son excessive fierté devaient lui créer des inimitiés. Bientôt Rome lui fut hostile, et il retourna à Pergame en 166. Ce départ, ayant eu lieu au moment où une épidémie (nommée peste antonine, mais qui fut probablement le typhus) s’abattait sur la ville, servit de prétexte à ses ennemis pour l’accuser d’avoir abandonné lâchement les malades. Cependant, il ne s’est peut-être agi que d’une coïncidence ; toujours est-il que, rappelé à Rome par Marc Aurèle en 168, il reprit son enseignement et la rédaction de ses œuvres, dont une partie périt dans l’incendie du temple de la Paix.
Longtemps tenu à tort pour l’inventeur de la quatrième figure du syllogisme, et il est néanmoins l’auteur d’un traité de dialectique et d’une histoire de la philosophie.
Source Encyclopédie Universalis